Passer au contenu

/ Secrétariat général

Je donne

Rechercher

1878-1919 - Naissance d'une université

1878 : Dépendante et dispersée

En dépit des protestations de l'évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget, ardent défenseur d'une université montréalaise autonome, l'Université Laval de Québec ouvre une succursale dans la métropole avec la bénédiction de Rome. L'établissement sous tutelle accueille alors 86 étudiants et compte trois facultés : théologie, droit et médecine, qui logent respectivement au Grand Séminaire de Montréal, au Cabinet de lecture des Sulpiciens et au Château Ramezay. Si elle n'en porte pas encore le nom, l'Université de Montréal vient néanmoins de voir le jour.

1887 : L'ancêtre des cégeps

Pour contrer les disparités qui existent dans les programmes des collèges classiques, l'Université met sur pied une quatrième faculté, sorte de collège universitaire, qui offre un enseignement préparatoire visant à harmoniser la formation des étudiants nouvellement inscrits. Abolie en 1920 et restaurée en 1927, la Faculté des arts, qu'on appelait la « faculté des collèges », maintiendra ses activités jusqu'en 1972, cinq ans après la création des collèges d'enseignement général et professionnel mieux connus sous l'acronyme de cégeps.

1887 : Une école qui a du génie

Fondée en 1873, l'École Polytechnique de Montréal s'affilie en 1887 à la nouvelle Faculté des arts de l'Université Laval à Montréal. Dès lors, ses diplômes sont délivrés par l'Université et reconnus par les universités et les employeurs. Établissement à vocation technique, l'École forme les premières générations d'ingénieurs canadien-français, qu'elle initie aux différentes variantes de génie indispensables à la réalisation des grands projets immobiliers et ferroviaires de l'époque. En 1905, elle déménage dans le nouvel édifice de la rue Saint-Denis, situé en face de l'église Saint-Jacques et aujourd'hui propriété de l'UQAM.

1895 : Le savoir rue Saint-Denis

Le 8 octobre 1895, l'Université inaugure un nouvel immeuble conçu pour regrouper en un seul lieu ses différentes facultés. Situé à l'angle sud-est des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine (l'actuel pavillon Hubert-Aquin de l'UQAM), au coeur de la paroisse Saint-Jacques et à proximité de l'École Polytechnique, l'édifice peut accueillir plus de 1000 étudiants et abrite, en plus des salles de cours, des laboratoires, une bibliothèque, une salle de récréation et une salle de réception. Pendant plus de 40 ans, l'Université sera le berceau de la vie culturelle et sociale du Quartier Latin.

1906 : Trésors d'un collectionneur

L'Université hérite des 20 000 documents amassés par le juge George Baby, dont certains écrits de la main de Louis XIV, et des lettres de Louis-Joseph Papineau sur le  projet d'union des deux Canadas. Considérée comme l'une des plus importantes collections privées du Canada, la collection « Baby ›, constitue une véritable mine documentaire pour l'étude du régime seigneurial et de l'histoire politique, sociale, militaire et économique du Canada français. Il faudra 10 ans pour classer et répertorier ce joyau archivistique, dont le catalogue, publié en 1951, représente un outil précieux pour les historiens.

1907 : Un grand gars gêné

C'est le géant le plus célèbre de l'histoire canadienne. Atteint d'une tumeur de l'hypophyse, Édouard Beaupré mesurait 2m50 à sa mort en 1904. Trois ans plus tard, on découvre par hasard son corps momifié dans un hangar de Montréal. Le professeur Louis-Napoléon Delorme, qui souhaite créer un musée d'anatomie, le fait transporter à l'Université où il sera longtemps exposé en vitrine au laboratoire d'anatomie. En 1990, à la demande de la famille, l'Université le faisait incinérer. Les cendres du géant Beaupré reposent à son village natal de Willow Bunch, en Saskatchewan.

1907 : Les affaires, c'est notre affaire

La Chambre de commerce de Montréal ouvre l'École des Hautes Études Commerciales. L'École, première du genre au Canada, se donne comme mandat d'intégrer les canadiens-français au monde « du commerce, de l'industrie et de la finance ». Son inauguration officielle a lieu dans l'édifice qu'elle a fait construire rue Viger, et qui abrite aujourd'hui les Archives nationales du Québec à Montréal. Affiliées à l'Université de Montréal à partir de 1915, les HEC fonderont le premier musée industriel canadien et innoveront en lançant dès 1917 le premier programme d'éducation permanente adressé aux adultes.

1911 : L’Ève de l’enseignement supérieur

L’Université décerne pour la première fois un diplôme à une femme. Marie Gérin-Lajoie obtient un baccalauréat ès arts, en se classant au premier rang de la province, et elle devient du même coup la première bachelière canadienne-française. Elle sera bientôt suivie par Flora Abergson, première femme à obtenir un diplôme aux cycles supérieurs (1921), et par Marthe Pelland, première diplômée de la Faculté de médecine. Fille d’une pionnière du mouvement féministe au Québec, Marie Gérin-Lajoie poursuivra l’œuvre de sa mère, en mettant sur pied des cours du soir pour jeunes filles.

1917 : Une poule canadienne

Le père Wilfrid crée à l’Institut agricole d’Oka une nouvelle espèce de gallinacé. Tête courte, bec jaune court et fort, dos large, queue moyenne, plumage blanc de neige, oreillons et barbillons rouges brillants, la poule Chanteclerc est, selon les vœux de son créateur, une volaille « pratique et vraiment canadienne au cachet particulier ». Sa création a nécessité 10 ans de travail et repose sur une synthèse des cinq meilleures races répandues au Canada. Avec le melon et le fromage d’Oka, elle fera l’orgueil des moines trappistes de l’Institut agricole d’Oka, fondé en 1893 et affilié à l’Université de 1908 jusqu’à sa fermeture en 1962.

1919 : Les Montréalais ont leur université

Dès 1889, Rome concède une autonomie administrative à l’Université Laval à Montréal, en l’autorisant à choisir elle-même ses professeurs et en lui accordant le droit de décerner des diplômes. Mais ce n’est que le 8 mai 1919 que le Saint-Siège, à la demande de l’archevêque de Montréal, Mgr Paul Bruchési, commande que la succursale soit érigée en une « université autonome » qui portera dorénavant le nom d’« Université de Montréal ». Dorénavant, la métropole aura son université catholique et francophone, près d’un siècle après l’ouverture du McGill College, laïque et anglophone. C’est Mgr Georges Gauthier qui sera le premier recteur de l’Université de Montréal.

1919 : Le Quartier latin, journal étudiant

Le 9 janvier 1919 paraît la première édition du Quartier latin, le journal qui allait faire la réputation des étudiants de l’Université de Montréal. Publié de septembre à avril à raison de 25 numéros par année, le journal a la facture d’un grand quotidien, couvrant autant les événements de la vie universitaire que l’actualité politique et culturelle. Nombre de journalistes y ont fait leurs premières armes avant qu’il ne cesse de paraître en 1969, peu de temps après la dissolution de l’AGEUM dont il était l’organe officiel depuis 1922.