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1965-1985 - Croissance et modernisation

1965 : Le premier recteur laïque

« C’est le fait d’être une des plus grandes universités d’expression française au monde qui caractérise l’Université de Montréal, et non son caractère religieux », déclarait Roger Gaudry peu de temps avant sa nomination. En 1965, ce dernier devient le cinquième recteur de l’UdeM mais le premier laïque à occuper cette fonction prestigieuse. Artisan de la modernisation de l’Université pendant la Révolution tranquille, ce biochimiste de renommée internationale oriente la mission de l’établissement vers les études supérieures et la recherche, et procède à une réorganisation complète de l’appareil administratif et de la structure facultaire.

1965 : Le boom des baby-boomers

Nés tout juste après la Seconde Guerre, ils prennent d’assaut l’université au milieu des sixties. Avec l’arrivée des baby-boomers sur ses bancs, l’UdeM voit sa population étudiante exploser. De 6000 qu’il était en 1942, l’effectif passe à plus de 9000 en 1965. Pour absorber ce fort contingent, l’Université est forcée d’engager des professeurs et des employés de soutien en grand nombre. Cette progression se maintiendra tout au long des années 60, qui marquent l’âge de la démocratisation de l’enseignement supérieur au Québec. Entre 1963 et 1970, le corps professoral, l’effectif étudiant et le personnel de soutien doubleront.

1965 : Des chiffres et des hommes

L’Université met sur pied le Département de démographie, une première au Canada. Sous la houlette de Jacques Henripin, la nouvelle unité s’intéresse surtout aux populations du passé, en créant le Programme de recherche en démographie historique. Fleuron du PRDH : le Répertoire des actes de baptême, mariage et sépulture du Québec ancien, qui réunit en 47 volumes bien tassés quelque 700 000 documents, des origines du peuplement à 1799. Outil inestimable pour les chercheurs, cette base de données, disponible en ligne depuis 1999, connaît également un vif succès auprès des généalogistes amateurs.

1966 : Un nouveau logo pour une nouvelle institution

Désireuse de moderniser son image, l’UdeM confie à Jean-Claude Lahaye la tâche de concevoir un nouveau symbole institutionnel. L’architecte urbaniste propose une image stylisée du pavillon principal conçue à partir des initiales U (la tour) et M (les trois portes d’entrée). Le logo, d’abord réservé à la signalisation sur le campus, s’impose ensuite sur les équipements sportifs, les permis de stationnement et la papeterie. En 1984, il remplace officiellement le blason à motifs héraldiques, qui continuera à figurer sur les documents officiels. En 1999, une nouvelle variante est adoptée qui préserve le dessin mais efface l’encadrement.

1967 : La magna carta de l’UdeM

Libérée de la tutelle de l’Église, l’Université se donne en 1967 une charte – la troisième depuis 1920 – qui jette les bases de l’institution que nous connaissons aujourd’hui. Cette nouvelle charte reconnaît la liberté universitaire et marque l’abandon du statut confessionnel de l’Université : « Attendu que l’Université reconnaît à ses membres les libertés de conscience, d’enseignement et de recherche inhérentes à une institution universitaire de caractère public. » Le document consacre également l’existence des trois grands corps universitaires : le Conseil, l’Assemblée universitaire et la Commission des études.

1967 : Le Café des étudiants

Les étudiants boycottent la cafétéria et décident d’ouvrir un café entièrement géré par eux. Situé coin Decelles et chemin Queen-Mary, le Café Campus se présente comme « le carrefour de la jeunesse étudiante » et se taille très vite une solide réputation de boîte à chansons. Presque tous les grands noms de la chanson québécoise s’y sont produits : Beau Dommage, Pauline Julien, Félix Leclerc, Octobre, Diane Dufresne, Plume Latraverse, Robert Charlebois, etc. Racheté à l’Association étudiante par des employés en 1981, le Café déménage rue Prince-Arthur en 1993 à la suite de plaintes des résidents du quartier.

1967 : L’autoroute des particules

Deux ans plus tôt, l’Université avait acquis le Tandem van de Graaff, un accélérateur de particules qui devait remplacer le Cockroft-Walton fabriqué dans les années 50 par Paul Lorrain, professeur au Département de physique. C’est pour accueillir ce gigantesque appareil qu’on inaugure en 1967 le Laboratoire de physique nucléaire. Le Laboratoire se spécialise d’abord dans l’étude de la spectroscopie nucléaire, puis oriente ses activités vers la physique de particules. Rebaptisé Laboratoire René-J.-A.-Lévesque, du nom de son premier directeur, il est depuis 1997 équipé d’un accélérateur dernier cri conçu spécialement pour la recherche sur les matériaux.

1968 : Des travaux universitaires

Devant la croissance de l’effectif étudiant et la multiplication des facultés (nursing, éducation, aménagement, optométrie, éducation physique), l’UdeM n’a plus le choix et doit construire. L’année 1968 marque le début des travaux de construction de trois édifices importants : le pavillon Maximilien-Caron, le pavillon Lionel-Groulx, le 3200 Jean-Brillant. Des 33 pavillons que compte l’actuel campus, 10 sont construits dans la seconde moitié des années 60. En 1970, les HEC s’installent sur le campus de l’UdeM dans le nouvel immeuble de la rue Decelles. Ce rapprochement consolide les relations entre l’UdeM et ses écoles affiliées, qui forment depuis un véritable complexe universitaire.

1968 : La sociologie expliquée aux étudiants

Professeur au Département de sociologie, Guy Rocher amorce la publication des trois tomes de son Introduction à la sociologie. Prix du meilleur livre de la Fédération canadienne des sciences sociales, l’ouvrage initie étudiants et chercheurs aux grands courants de la sociologie moderne et à la méthode de recherche en sciences sociales. Traduite en six langues, cette somme a fait le tour du monde grâce à des rééditions périodiques soigneusement mises à jour et aura été la lecture obligée de tous les sociologues formés au Québec depuis 30 ans.

1969 : L’hebdo de l’UdeM

« Une université qui bouge », titre à la une le premier numéro du journal de l’UdeM le 8 septembre 1969. Prenant le relais d’Hebdo-Information, Forum rend compte de la vie universitaire et sert de vitrine aux recherches menées par des professeurs et étudiants de l’UdeM. Depuis 1975, sa parution est assurée par la Direction des communications de l’Université. Primé à trois reprises par le Conseil canadien pour l’avancement de l’éducation, le journal tire à 15 000 exemplaires, paraît en version électronique et publie six fois par année Forum express, un bulletin consacré à la recherche qui s’adresse aux journalistes et au grand public.

1972 : Deux nouvelles facultés

La création de la Faculté des arts et des sciences et de la Faculté des études supérieures abroge la structure facultaire qui prévalait depuis 50 ans et propulse l’UdeM dans l’ère moderne. La FAS fusionne cinq facultés – lettres, philosophie, sciences sociales, arts, sciences – qui avaient été mises sur pied en 1920 et amorce une révolution multidisciplinaire qui permettra à l’Université d’harmoniser les exigences de ses différentes unités d’enseignement. La FES, elle, regroupe les activités de formation des deuxième et troisième cycles des facultés, écoles, instituts et départements de l’Université et de ses écoles affiliées.

1974 : Montréal sous la loupe

Six ans après la fondation de la Faculté d’aménagement, où il enseigne l’architecture depuis 1971, Jean-Claude Marsan publie sa thèse de doctorat, Montréal en évolution, historique du développement de l’architecture et de l’environnement montréalais. L’ouvrage renouvelle l’étude de l’histoire architecturale de la métropole et sensibilise le Québec à la préservation de son patrimoine bâti. Sous l’influence de son auteur se formeront de nombreux groupes engagés dans la protection d’édifices montréalais, dont l’Association des Amis de la gare Windsor, Sauvons Montréal et la Fondation Héritage Montréal.

1975 : La voix des profs

Vingt ans après la création de l’Association générale des professeurs (AGPUM), le Syndicat général des professeurs de l’UdeM est accrédité par le ministère du Travail en 1975. Le SGPUM consacre ses premières années d’existence à fédérer les professeurs des facultés des sciences fondamentales et ceux des facultés dites professionnelles, ce qui lui permettra de représenter une majorité de professeurs. Deux ans après sa création, il signe avec la direction une première convention collective, d’une durée de trois ans. Aujourd’hui, le syndicat représente quelque 1300 professeurs et négocie sa huitième convention.

1976 : La voix des étudiants

Sept ans après la dissolution de l’Association générale des étudiants, 10 associations s’unissent pour s’opposer à une hausse de la cotisation aux Services aux étudiants et fondent la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM. La FAÉCUM défend les droits des étudiants des trois cycles et est le premier interlocuteur de la direction dans tous les dossiers qui touchent la vie sur le campus. Elle fédère 77 associations, représente 27 000 étudiants et, depuis 1985, partage la représentation étudiante avec l’Association générale des étudiants et étudiantes de la Faculté de l’éducation permanente (AGEEFEP).

1976 : Un cadeau olympique

En 1976, le Département d’éducation physique – aujourd’hui appelé Département de kinésiologie – inaugure le Centre d’éducation physique et des sports de l’Université de Montréal, communément appelé CEPSUM. Réclamée depuis longtemps par le milieu universitaire, sa construction profite de la tenue à Montréal des XXIe Jeux olympiques. D’une superficie de 37 800 m2, le CEPSUM comprend notamment un stade, une piscine olympique, un aréna, des gymnases, ainsi qu’une clinique de médecine sportive et de kinésiologie. On y enregistrait en 2002 un million d’entrées, dont 15 % d’usagers de la communauté montréalaise.

1976 : L’UdeM au féminin

L’Université se dote d’un comité permanent sur le statut de la femme, chargé de déterminer les besoins des femmes et de promouvoir la condition féminine sur le campus. La création de ce comité coïncide avec la féminisation de la population étudiante. Depuis les années 80, il y a plus d’étudiantes que d’étudiants à l’UdeM, et leur proportion ne cesse d’augmenter dans la plupart des programmes, sauf au doctorat. Au sein du corps professoral, les femmes ne représentaient que 12 % des professeurs en 1978; 25 ans plus tard, cette proportion atteint 27 % et la dernière convention collective des professeurs fixe la barre à 40 %.

1978 : La tête dans les étoiles

L’UdeM et l’Université Laval inaugurent l’Observatoire astronomique du mont Mégantic, qu’elles administrent conjointement. Assis à 1111 mètres d’altitude sur la plus haute montagne accessible en voiture au Québec, l’Observatoire est équipé d’un télescope de type Ritchey-Chrétien, qui pèse 24 tonnes et braque vers le ciel un miroir de 1,6 mètre de diamètre. Depuis 2002, l’Observatoire dispose de la caméra à comptage de photons la plus sensible du monde, qui permet de multiplier par 10 millions chaque photon.

1981 : L’astrophysique à la portée de tous

Hubert Reeves, directeur de recherche au CNRS en France et professeur associé du Département de physique de l’Université, publie Patience dans l’azur, qui est considéré comme un chef-d'œuvre de vulgarisation. Écrit pour le grand public, le livre sera vendu à plus d’un million d’exemplaires et traduit en 25 langues. Depuis, Hubert Reeves poursuit une double carrière de chercheur et de vulgarisateur. En 1999, l’Union astronomique internationale baptisait en son honneur l’astéroïde 9631, « Hubertreeeves ». Le Fonds Hubert-Reeves décerne chaque année une bourse à un étudiant inscrit aux cycles supérieurs en astrophysique.

1982 : La Valère à pitons

Le chef des cuisines de l’Université, Valère Lavallée, prend sa retraite après avoir nourri trois générations d’étudiants. Inconnu du grand public, il était pourtant sur le campus une légende vivante. Dès les années 40, on appelait la cafétéria la Valèretéria. Dans les années 50, on a créé en son honneur le trophée Valère – une cafetière montée sur une base de bois – qu’on décernait à la faculté la plus généreuse lors de la quête du Prêt d’honneur. Et lorsque les distributrices ont fait leur apparition sur le campus, on les a surnommées les « Valère à pitons ». En 1967, l’UdeM lui rendait hommage aux côtés de Hans Selye et d’autres personnalités universitaires.