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1943-1965 - L'âge de raison

1943 : Le phare sur la montagne

Dix kilomètres de corridors, 2496 portes, 6514 fenêtres métalliques, 14 ascenseurs, 7 escaliers principaux, 4 800 000 briques pour un immeuble qui fait 280 mètres de longueur sur 52 de haut. Quinze ans après le début des travaux, la nouvelle demeure de l’Université est officiellement inaugurée. Pour l’occasion, l’on décerne 33 doctorats honorifiques, dont un à l’architecte du campus, Ernest Cormier. Devant les centaines d’invités présents, le chancelier, Mgr Joseph Charbonneau, prononcera ces mots : « En 1643, M. de Maisonneuve plantait la croix sur la montagne de Montréal. À 300 ans de distance, nous inaugurons, sur cette même montagne du mont Royal, la Cité du savoir. »

1943 : Le projet Manhattan

C’est le secret le mieux gardé de l’Université pendant la Seconde Guerre. De 1943 à 1945, l’aile ouest du bâtiment principal abrite un laboratoire où des scientifiques des forces alliées travaillent à mettre au point un réacteur nucléaire à eau lourde. Entrepris dans le cadre du projet Manhattan, qui sera à l’origine de la fabrication de la première bombe atomique, ces travaux de recherche aboutiront à la production de la première pile atomique à fonctionner en dehors des États-Unis. L’un des rares chercheurs canadiens-français de l’équipe, Pierre Demers, découvrira une nouvelle série d’éléments radioactifs du neptunium.

1946 : Notre maître, le passé

Coup sur coup, Lionel Groulx fonde l’Institut d’histoire de l’Amérique française et orchestre la création d’un Institut d’histoire à l’Université de Montréal. Le premier deviendra un véritable forum intellectuel dans le domaine de la recherche historique et publiera la Revue d’histoire de l’Amérique française, qui va vite s’imposer comme le principal organe de diffusion des travaux scientifiques sur l’histoire du Canada français. Quant à l’Institut d’histoire, il deviendra en 1962 le Département d’histoire de l’UdeM et servira de terreau à ce qu’on a appelé l’École de Montréal, formée autour de Guy Frégault, Michel Brunet et Maurice Séguin.

1947 : Souscrivez !

La première campagne de souscription de 1920 saluait l’autonomie de l’Université de Montréal, celle de 1947 marque la fin de la précarité financière. L’Université fait appel à la générosité des donateurs pour mieux répondre à l’afflux de nouveaux étudiants, dont certains sont démobilisés à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’initiative dépasse les espérances : près de 2 millions de dollars de plus que l’objectif initial ! Les fonds serviront à construire un centre médical et de recherche, à créer un fonds de pension pour le personnel, à bâtir un centre étudiant et à parachever la construction de l’immeuble principal.

1947 : Nos amies les bêtes

Créée en 1886 et affiliée à l’UdeM depuis 1895, l’École de médecine comparée et de science vétérinaire prend le nom d’École de médecine vétérinaire de la Province de Québec et s’installe à Saint-Hyacinthe où elle met sur pied l’École de laiterie et le Centre d’insémination artificielle. En 1969, elle acquiert le statut de faculté et, trois ans plus tard, fonde le Centre de recherche en reproduction animale, reconnu par le ministère de l’Éducation comme centre multidisciplinaire et interuniversitaire. Seule école du genre au Québec, elle fait partie du club sélect des quatre facultés de médecine vétérinaire que compte le Canada.

1949 : Thèses et prothèses

Gustave Gingras, professeur à la Faculté de médecine, fonde l’Institut de réadaptation de Montréal, qui jouera un rôle déterminant dans le traitement des victimes de la poliomyélite et de la thalidomide dans les années 50 et 60. Dévoué au soutien des personnes handicapées, l’Institut met au point de nouvelles prothèses et perfectionne des méthodes de réadaptation qui ont été reprises dans le monde entier. Affilié à l’UdeM, l’Institut travaille de concert avec l’École de réadaptation de la Faculté de médecine, elle aussi fondée par le Dr Gingras en 1954. Orientée vers la recherche, l’École délivrait en 1993 un premier doctorat.

1950 : La faculté d’entendre

Fondée le 18 octobre 1950 afin de « former des musiciens d’églises », la Faculté de musique est à l’origine divisée en deux sections, l’une consacrée à la musique sacrée et l’autre à la musique profane. On y enseigne alors que l’orgue et le piano. Au fil des ans, la Faculté élargit et modernise considérablement la palette de ses programmes : interprétation, composition, musicologie, musique populaire, jazz, techniques d’écriture. Depuis les années 90, l’Orchestre de l’Université de Montréal, le Nouvel ensemble moderne et l’étiquette de disque UMMUS contribuent au rayonnement de la Faculté.

1951 : Élisabeth II sur la montagne

Un an avant son couronnement, la princesse Élisabeth est de passage à l’UdeM. Cette visite est l’occasion d’une grande manifestation. Le quadrilatère entourant les rues de l’Université est fermé et les étudiants se joignent à la foule pour applaudir son Altesse Royale, accompagnée du duc d’Édimbourg. Au fil des ans, de nombreuses autres personnalités du monde de la politique, des arts et des sciences signeront le livre d’or de l’UdeM, dont Marguerite Yourcenar, André Malraux, John Fitzgerald Kennedy, Léopold Sédar Senghor, et Charles de Gaulle deux jours après avoir prononcé du balcon de l’hôtel de ville de Montréal son fameux : « Vive le Québec libre! »

1952 : L’éducation à vie

L’UdeM crée le Service de l’extension de l’enseignement. Cette nouvelle division, réservée à l’éducation des adultes, met à la portée du public les cours de quelques facultés et s’adresse à l’origine à ceux qui n’ont pas eu la chance de faire leur cours classique. Mais dès les années 60, l’éducation permanente apparaît comme le principal moyen pour les diplômés qui travaillent de mettre à jour leurs connaissances et de se maintenir à la fine pointe de l’évolution du savoir. Devenu Service de l’éducation permanente en 1968, cette unité acquiert le statut de faculté en 1974, consacrant l’intégration de l’éducation des adultes aux structures de l’Université.

1954 : Droit au cœur

Grâce à Paul David et à Pierre Grondin, tous deux professeurs à la Faculté de médecine, l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) prend son essor. Affilié à l’UdeM, l’Institut, fondé par le Dr David, est le premier du genre au Canada et devient le chef de file dans la recherche cardiologique au pays. La première opération avec cœur-poumon artificiel en 1958 et la première transplantation cardiaque de l’histoire médicale canadienne, réalisée par le Dr Grondin en 1968, y sont pratiquées. L’équipe de l’Institut se signale aussi en 1982 en mettant au point une nouvelle technique de dilatation des artères coronariennes. Aujourd’hui encore, l’ICM accueille de nombreux chercheurs et résidents de la Faculté de médecine qui se spécialisent dans le traitement des cardiopathies.

1956 : L’invention du stress

En 1956 paraît Le stress de la vie qui allait rendre célèbre son auteur, le docteur d’origine autrichienne Hans Selye. Professeur d’histologie à l’Université de Montréal depuis 1945, le Dr Selye est le fondateur de l’Institut de médecine et de chirurgie expérimentale. Dans ce premier ouvrage, il enrichit la recherche en endocrinologie d’un nouveau concept diagnostique : le syndrome d’adaptation, ou l’ensemble des modifications qui permettent à un organisme de supporter les conséquences physiopathologiques d’un traumatisme naturel ou opératoire. Le stress venait de faire son entrée dans le répertoire des pathologies du monde moderne… et dans la langue française.

1956 : La maison des étudiants

En janvier 1956, on inaugure sur le campus le Centre d’habitation (aujourd’hui « Résidence A »). Construit pour loger les étudiants, c’est un bâtiment de six étages qui compte 115 chambres et prévoit au bout de chaque étage un salon réservé aux résidents. Le règlement décrète que « les dames et les demoiselles sont admises le vendredi soir, de 8 h à 11 h, ainsi que le dimanche, de 3 h de l’après-midi à 11 h du soir ». En 1972, le campus s’enrichira d’une deuxième résidence, réservée aux filles et surnommée la « tour des vierges ». Aujourd’hui, les 1122 chambres des résidences hébergent environ 1200 étudiants des deux sexes chaque année.

1958 : Poly sur la montagne

De plus en plus à l’étroit dans l’immeuble de la rue Saint-Denis, l’École polytechnique ne parvenait plus à répondre à la hausse galopante de sa population étudiante. En 1956, le gouvernement l’autorise à conclure une entente avec l’Université de Montréal pour s’établir sur le campus. Deux ans plus tard, on procède à l’inauguration du nouvel édifice de l’École polytechnique, situé en amont du pavillon principal. Mille deux cents étudiants à temps plein, dont quatre filles, participent à la rentrée cette année-là, soit 25 % de plus qu’en 1956 et deux fois plus qu’en 1950.

1961 : Le doyen des centres de recherche

Doyen des centres de recherche de l’UdeM, le Centre de recherche en droit public est fondé en 1961 à l’initiative de Paul Gérin-Lajoie, et réunit à l’origine quatre chercheurs : Jacques Brossard, Luce Patenaude, Jean Beetz et le futur premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau. Son mandat : stimuler la recherche dans un domaine jusqu’alors assez peu exploré des francophones, le droit constitutionnel et administratif. Au fil des ans, le CRDP deviendra le plus important centre de recherches juridiques du Canada. Son leadership est aujourd’hui mondialement reconnu dans le droit de l’information et du cyberespace.

1962 : Les boss des maths

Maurice L’Abbé, directeur du Département de mathématiques, fonde le séminaire de mathématiques supérieures, qui accueille des mathématiciens du monde entier et constitue le véritable tremplin de la recherche mathématique au Québec. La même année, l’Université prend le virage informatique en confiant à Jacques St-Pierre la réalisation d’un centre de calcul qui doit permettre aux membres de la communauté de traiter les informations numériques. Maître d’œuvre de l’informatisation du campus, Jacques St-Pierre créera également le Département d’informatique et de recherche opérationnelle et le Centre de recherches mathématiques.

1962 : Publish or perish

L’adage vaut pour les chercheurs, mais aussi pour les institutions. En 1962, l’Université fonde une maison d’édition destinée à faire connaître les travaux de ses professeurs à travers livres et revues. Parmi la production des PUM, la collection « Bibliothèque du Nouveau Monde » se démarque comme le plus ambitieux projet éditorial du Québec : réunir en édition critique les principaux textes majeurs de notre littérature, des relations de Jacques Cartier aux contes de Jacques Ferron. Quarante ans plus tard, les PUM compte à leur catalogue quelque 800 titres et un best-seller : L’homme rapaillé du poète Gaston Miron.

1962 : Les employés se syndiquent

Les employés de la cafétéria et des résidences fondent le Syndicat national des employés de l’Université de Montréal (SNEUM). Affilié à la CSN, il s’agit du premier syndicat accrédité à voir le jour à l’Université de Montréal. En 1966, les employés d'entretien forment à leur tour leur propre syndicat, le 1186, suivis en 1970 par les employés de bureau qui créent le Syndicat des employés de l’UdeM, section 1244 du Syndicat canadien de la fonction publique. Ce dernier intégrera le SNEUM en 1986 et représente aujourd’hui quelque 2000 membres. En 2003, le 1244 a déclenché une grève de plusieurs semaines sur la question des conditions de travail et de l’équité salariale.

1965 : Le savoir sans fatigue

Depuis 1943, étudiants, professeurs et employés de l’Université devaient gravir une à une les 142 marches de l’escalier qui menait au campus de la montagne. En avril, l’Université met un terme à ce calvaire quotidien en inaugurant les rampes d’accès mobiles qui permettent à tous de se rendre « sans fatigue » à l’Université. D’une capacité de 16 000 personnes à l’heure, ces rampes rendent caduc ce qui était considéré jusqu’alors comme le plus long escalier de bois jamais construit à Montréal.